JCVD, de Mabrouk El Mechri (France, 2008)

Publié le par Erwan Desbois

Où ?
Au ciné-cité les Halles

Quand ?
Dimanche matin

Avec qui ?
Mon compère d'UGC, et mon co-compère d'UGC (que je n'avais pas vu depuis... 6 mois)

Et alors ?

Aïe ! Le jeune réalisateur français Mabrouk El Mechri n'a pas progressé entre son 1er film et son 2è - hormis au box-office, où même s'il ne casse pas la baraque JCVD fera forcément plus d'entrées que le prometteur Virgil (avec Jalil Lespert et Léa Drucker) que personne ou presque n'avait vu. On retrouve dans les 2 films les mêmes qualités et, malheureusement, les mêmes défauts. Au rang des premières, il faut à nouveau féliciter le tempérament imaginatif et aventureux d'El Mechri, qui fait de chaque plan un manifeste de son refus de se laisser enfermer dans une case sociologique ou de genre. L'exemple le plus immédiat de cette volonté de réinvention est le « déménagement » opéré depuis une cité morose de la banlieue parisienne vers la Belgique. Pourquoi la Belgique ? Parce que c'est de là que vient Van Damme, pardi.

La star des films d'arts martiaux hollywoodiens cheap joue dans JCVD son presque propre rôle - même nom, mêmes origines, même carrière, mêmes dérapages verbaux cocaïnés (la phase « aware » de l'acteur). Cependant El Mechri le place dans une histoire fictive (de divorce et de ruine financière), reprenant à son compte le principe de léger décalage par rapport à la réalité mis à l'œuvre dans Dans la peau de John Malkovich. Un autre film américain l'a clairement inspiré pour le 2è pan du récit : Un après-midi de chien et son braquage au déroulement calamiteux réalisé par des losers. Au passage, le clin d'œil qu'est la coiffure à la John Cazale dont Zinedine Soualem se voit affublé est vraiment trop appuyé (en plus, ça ne lui va pas du tout). Plus généralement, tout ce qui touche au braquage et non à Van Damme directement est ce qui souffre le plus d'un travers qu'El Mechri n'a pas réussi à corriger depuis Virgil ; à savoir une incapacité flagrante à trier parmi les idées de scénario - captation en temps réel, scènes vues selon différents points de vue... - et de mise en scène (la photographie est beaucoup trop stylisée sans raison particulière), celles qui doivent s'imposer dans le film. Tout est un peu trop confus, en pagaille et ce sont les personnages, dénués de charisme et de profondeur, qui en payent le prix. Pas génial pour un film en huis-clos...

Et Jean-Claude (car c'est quand même pour lui qu'on est venu) ? Lui aussi souffre quelque peu de la boulimie du réalisateur - entre l'histoire du divorce et celle de la journée de merde au milieu d'une prise d'otages, il y en a une de trop (sûrement la 1ère). Mais dans le même temps, El Mechri lui fait un cadeau en or avec ce rôle aux 3/4 autobiographique, qui permet à l'acteur de flirter avec la parodie - le plan-séquence d'ouverture tout en exagération du cliché de l'action hero, les dialogues entre JCVD et son agent -, régler ses vieux démons (via 2 regards d'enfant sur la star déchue et un poignant monologue improvisé face caméra), et surtout prouver qu'il peu être un bon acteur dramatique. Assurément motivé à l'extrême par cette chance unique qui lui est donnée, il porte par sa performance et non par ses high kicks ce film brinquebalant, imparfait, et lui confère un indéniable capital sympathie.

Publié dans cinema francais

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